Anne Sylvestre ne fut pas que l’inoubliable auteure- interprète des fabulettes mais c’est à elle au lendemain de sa disparition, que je dédie ce petit rien écrit il y a trois ans.
Ce matin d’automne il fait doux, la tempête Ophélia nous a déposé un anticyclone. Il est très tôt, six heures trente, quand je prends l’autoroute. Il fait encore nuit. Les nouvelles déversées par France Inter sont rudes, comme chaque jour. J’entends plus que je n’écoute. Chacun s’accorde là-dessus, le terrorisme, le chômage, la maltraitance humaine et animale, on s’y habitue. J’ai le doigt sur le bouton de la radio, couper le son. Voila une bonne idée.
Je n’ai pas le temps d’appuyer, Rebecca a pris le micro pour nous délivrer sa pastille quotidienne de musique, douce, pop, sucrée ou carrément hard core selon les jours. Anne Sylvestre fête ses soixante ans de chanson. Anne et ses Fabulettes, la cassette achetée chez Harmonia Mundi, la voix flûtée qui accompagnait la chanteuse à l’arrière de la voiture. L’auto radio, qu’il avait presque fallu démonter car la cassette, usée, s’était coincée dedans. Heureusement avait dit le père j’en avais fait une copie. Prévoyant papa qui avait évité le drame.
Cet enfant là a perdu sa voix flûtée, il est grand, barbu, il trace son chemin. Et cette journée d’automne fut une jolie journée.